Vous avez été admis à l’hôpital pour une brûlure. A votre sortie, pour vous, cette épreuve s’accompagne de tensions et peut-être d’incertitudes.
Cependant, le traitement n’est pas encore entièrement terminé. L’épiderme en voie de guérison nécessite des attentions particulières et, pour les éventuelles cicatrices, vous devrez encore vous soumettre à d’autres soins. Nous nous rendons parfaitement compte que certaines questions continuent à vous tracasser : soins à appliquer à l’épiderme restauré, (possible) persistance de cicatrices et traitements ultérieurs.
Naturellement, notre équipe du centre aura l’occasion de discuter de ces problèmes lors de vos visites à la consultation, mais nous savons parfaitement que bien d’autres questions peuvent subsister.
La peau est un tissu important qui assume un grand nombre de fonctions. Elle protège le corps contre la déshydratation et contre l’intrusion de bactéries. De plus, elle joue un rôle essentiel dans la régulation de la température du corps. Par ailleurs, dans une large mesure, c’est elle qui détermine aussi notre apparence physique. La peau se compose de plusieurs couches et comprend les poils, les glandes sudoripares, les glandes sébacées, les nerfs et les vaisseaux sanguins. Toutes ces composantes peuvent subir des dommages par brûlures. Or, plus elles sont profondes, plus il y aura des séquelles.
La profondeur et l’étendue d’une brûlure conditionnent le type et la durée du traitement. Une brûlure du deuxième degré qui n’a entamé qu’une partie de la peau peut être soignée à l’aide de corps gras (huile, liniment oléo-calcaire), de pommades adoucissantes ou au moyen de compresses et de pansements spéciaux, voire recevoir la peau d’un donneur.
Une brûlure du troisième degré implique la perte de toutes les couches et composantes de la peau. Ce type de blessure se soigne par une greffe de peau et l’intervention chirurgicale s’effectue en milieu hospitalier. Lorsque la brûlure est profonde, certaines parties de la peau – par exemple, les glandes sudoripares et les bulbes pileux – peuvent être tellement endommagés qu’elles sont irrémédiablement détruites. Les nerfs aussi peuvent être touchés. Toutefois, à la longue, la peau retrouvera une certaine sensibilité.
Les multiples soins apportés aux brûlures en milieu hospitalier ne suffisent généralement pas à guérir entièrement toutes les lésions de la peau. En principe, ces lésions résiduelles sont traitées avec une pommade, parfois, avec d’autres remèdes. Dans la majorité des cas, vous devrez vous-même changer quotidiennement vos pansements. Ne vous effrayez pas s’ils vous semblent souillés et pleins de pus : cet aspect est quasiment toujours provoqué par l’onguent utilisé et n’implique nullement une infection de la plaie. Si, à votre sortie d’hôpital, vous avez encore des pansements, n’hésitez pas à prendre des bains ou, de préférence, des douches et à vous laver avec du savon et du shampoing normaux. Si vous ne possédez ni douche ni baignoire, pas de problème : continuez à vous laver comme à l’accoutumée. Mais, avant d’ôter les pansements, mouillez-les convenablement pour qu’ils se détachent facilement. Après vous être séché avec une serviette propre, appliquez une nouvelle couche de pommade et un pansement neuf. Tant que la peau n’est pas complètement guérie, la natation est déconseillée.
Pour une raison inconnue, les zones brûlées et même parfois les parties du corps utilisées pour prélever les greffons sont susceptibles de vous donner des démangeaisons pendant un certain temps. Tôt ou tard, elles finiront par disparaître. Mais, entre-temps, cela peut s’avérer un véritable supplice, surtout la nuit, au lit. Ces démangeaisons ne peuvent être éliminées complètement. Toutefois, voici quelques conseils qui vous aideront à atténuer cette gêne.
Des coups, des frottements, voire même certains mouvements de la peau autour des articulations sont susceptibles de provoquer des cloques dans les tissus encore fragiles. Ces petites ampoules n’exigent pas de soins particuliers. Par contre, les cloques importantes, mieux vaut les protéger avec un petit pansement compressif ou un petit sparadrap.
Les éventuelles petites lésions résiduelles sont à traiter de préférence avec une pommade ou un pansement prévus à cet effet.
Les points noirs, les boutons blancs ou rouges de la peau, parfois enflammés, sont dus à l’obstruction des glandes sébacées. En vous lavant soigneusement la peau et en la rinçant convenablement, ils disparaîtront progressivement. En cas de légère infection, il est nécessaire d’appliquer une lotion spéciale.
Après une brûlure, la peau fraîchement guérie est encore très fragile. De légers chocs peuvent facilement provoquer des petites plaies ou des cloques. Il suffit parfois de se gratter ou de porter des vêtements trop serrants pour qu’apparaissent des écorchures. Pourtant, dans la vie de tous les jours, ces petites blessures ne présentent pas de gros problèmes. En effet, en règle générale, elles guérissent vite. De plus, sachant que votre peau est fragile, vous serez vous-même automatiquement plus prudent. Sachez encore que les risques d’infection sont très rares.
Lorsque toutes les lésions résiduelles sont guéries, libre à vous de recommencer à pratiquer la natation. C’est même recommandé, car la nage exerce les articulations et les muscles et donc améliore la mobilité des bras et des jambes. Par ailleurs, de cette façon, vous reprendrez contact avec le monde extérieur et apprendrez à surmonter la crainte de montrer vos cicatrices. L’endroit où vous allez nager, que ce soit à la piscine ou en mer, n’a aucune importance. La natation est le meilleur sport pour un ancien brûlé.
Les cicatrices hypertrophiques sont une complication ennuyeuse des brûlures. Elles s’observent le plus fréquemment après la guérison de brûlures profondes. Lorsqu’une brûlure est guérie en surface, le processus de guérison se poursuit en profondeur. La peau se fortifie grâce à la formation de tissus fibreux cicatriciels. Ainsi, elle retrouve sa capacité de résistance par exemple aux chocs, aux éraflures ou autres. Malheureusement, la formation des tissus est souvent excessive et donne lieu à des cicatrices épaisses et boursouflées. Nous appelons cela une cicatrice hypertrophique ou chéloïde. De telles cicatrices sont inesthétiques et l’endroit où elles sont localisées peut être source de nombreuses plaintes. La formation d’une cicatrice aux alentours d’une articulation est susceptible d’entraver sa mobilité. Dès lors, une certaine raideur peut être constatée, par exemple, au niveau du cou, du coude, de l’épaule ou du genou.
La formation excessive de tissus cicatriciels a fait l’objet d’un grand nombre d’études, mais aucune thérapie satisfaisante n’a encore été trouvée. Néanmoins, certaines mesures peuvent freiner la formation d’une telle cicatrice exubérante.
Aussi longtemps que la peau n’est pas totalement guérie, vos capacités physiques peuvent être quelque peu freinées. Il n’en reste pas moins vrai qu’il est nécessaire, dans toute la mesure du possible, de rester en mouvement et de vivre de manière autonome. Lorsque les lésions résiduelles sont guéries et que la mobilité n’est pas trop perturbée par des cicatrices invalidantes, nous vous conseillons fortement de reprendre votre travail et vos activités sportives. Même les travaux dits « salissants » ne sont pas plus dommageables pour vous que pour les autres. En règle générale, une reprise rapide du travail et des activités sportives accélérera votre rétablissement mental et physique et contribuera à vous faire accepter vos cicatrices.
Toute personne accidentée encourt un dommage physique. Mais, en outre, elle devra aussi faire face à bien des difficultés d’ordre psychologique.
Les victimes de brûlures ne constituent pas une exception à cette règle. Bien au contraire, chez elles, le choc est encore plus pénible parce que, souvent, elles ont gardé toute leur conscience au moment de l’accident. De plus, l’admission à l’hôpital, parfois accompagnée de plusieurs opérations et de douloureux changements quotidiens de pansements, les incertitudes et les craintes du lendemain laissent des traces. Rappelez-vous : sans doute, au début de votre hospitalisation, vous avez beaucoup réfléchi à l’accident et vous en avez même rêvé. Vous avez eu l’occasion de parler de ce qui vous est arrivé avec vos proches, au moment des visites, mais aussi avec les infirmières et le personnel hospitalier. Aussi, pendant cette période d’hospitalisation, vous avez commencé à intégrer votre accident et ses implications pour vous.
Ce processus d’intégration ne se termine cependant pas avec la fin de votre hospitalisation. Il se poursuivra lorsque vous rentrerez chez vous.
Après un tel accident, il est normal d’être perturbé psychologiquement pendant un certain temps (« je ne me sens pas encore comme avant »). Il se peut aussi, par exemple, que vous éprouviez quelques difficultés à vous endormir ou à vous concentrer. Il est important que vous sachiez qu’il s’agit de phénomènes normaux qui disparaîtront progressivement et qu’en parler avec votre compagnon ou votre compagne, votre famille ou vos amis, peut vous apporter un soutien énorme. Néanmoins, si de telles discussions sont insuffisantes, mieux vaut chercher de l’aide chez des professionnels et prendre contact avec votre médecin de famille. Le cas échéant, il vous renseignera une personne capable de vous assister.
Pendant votre hospitalisation au centre de traitement des brûlés, votre famille aura également subi bien des épreuves. Elle sera très heureuse de votre retour à la maison, mais remarquera aussi qu’il faut du temps pour que tout redevienne comme avant. Ainsi, non seulement vous devez, tout comme votre compagnon ou votre compagne et vos enfants, vous réadapter à la vie en commun. Vous devrez vous habituer à revivre dans vos meubles et reprendre le fil de votre vie là où vous l’avez laissé, vous accoutumer aux réactions du monde extérieur, aux marques que les brûlures ont laissées sur votre corps, etc. Il est difficile, ici, de vous donner des conseils pratiques visant à faciliter votre retour pour vous-même et votre famille. Si vous avez des questions à ce sujet, n’hésitez pas à en parler à l’équipe du centre de traitement des brûlés ou à votre médecin afin qu’il vous conseille une assistance plus spécialisée. Mais, sachez que, dans ce domaine aussi, des groupes d’entraide peuvent apporter bien de solutions !
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